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vendredi 4 septembre 2009

Admettre une continuité du relatif à l’absolu

par Pierre Escaffre
« L’absolu, s’il existe, n’est pas du ressort de nos connaissances ;
nous ne jugeons et nous ne pouvons juger des choses que par les rapports qu’elles ont entre elles. »

      Georges Buffon
Avant d’aller plus loin, il n’est pas superflu de s’attarder un peu sur l’emploi d’expressions ou de formulations dont l’interprétation peut quelquefois conduire à des ambiguïtés, voire à des contresens. Par exemple la phrase du texte précédent affirmant l’absolu comme étant intégral contenait le précepte qu’il ne pouvait pas être une part seulement « d’un système plus vaste et supérieur à lui ». Il n’était néanmoins dans cet argumentaire pas explicitement envisagé le cas où il aurait été l’élément principal d’un ensemble complexe mais « inférieur à lui ».

Or très honnêtement, quoiqu’elle ait occupé et qu’elle occupe encore une place de choix dans l’élaboration de la pensée mystique, ou bien précisément à cause de cela, il faut se demander s’il est justifié de reprendre la thèse, parce qu’en s’attachant sans autre précaution à appliquer les termes du langage courant au modèle physique, on oublie à coup sûr leur aspect « relatif » à leur destination. L’antécédent notoire de l’électricité est une vraie leçon : nord ou sud, plus ou moins n’étant que conventions, c’est par « corrélation » qu’ils se caractérisent.

Et il en va de même quant à l’appréciation à porter sur les mots supérieur, inférieur, extérieur, intérieur, à côté ou ailleurs … la liste n’est pas close de tels signifiants qui perdent leur valeur dès lors qu’il est question d’absolu, d’infini, de total, d’intégral ou d’un équivalent. On doit en tenir compte et ne pas reproduire avec entêtement la faute qui consiste à vouloir fractionner de manière arbitraire, aléatoirement ou selon des critères présumés objectifs une entité qui est, si jamais elle existe, propre à n’être conçue que comme irréductible.

Rose des vents dans le jeu chinois du mah-jongCette « rose des vents » tirée d’une variante américaine du jeu chinois du mah-jong est insérée ici dans le but d’illustrer la relativité des représentations que nous avons du monde. Les deux points cardinaux figurant l’est et l’ouest se trouvent inversés par rapport à l’usage dans lequel ils permettent habituellement l’orientation des cartes pour la navigation ou la géographie.
Nettement déroutante, pareille anomalie est repérable aussi à la base de notre chandelier à sept branches, cadre géométrique autant que symbolique structurant la deuxième classification des unités atomiques agencée en fonction du nombre de protons de chacun des noyaux. Ou encore à Versailles, dans le parc du château on voit une inversion de la disposition – nord et sud cette fois – de quatre pièces d’eau qui sont constituées des divinités grecques incarnant les saisons.

La raison est fort simple, l’espace se mesure dans les trois dimensions, mais puisqu’en général on ne se sert que des coordonnées du plan, il est sous-entendu que toute observation sur l’axe vertical, celui de l’altitude, doit être effectuée d’un point de vue plongeant en direction du sol. Logiquement par contre, changeant de perspective, si on lève les yeux pour contempler le ciel, on pourra remarquer que la permutation marquée par la boussole bien qu’assez étonnante n’en correspond pas moins à la réalité et traduit strictement l’optique alternative : une vision de bas en haut vers le cosmos, pour rester dans le ton n’hésitons pas à dire vers … l’étendue céleste.
Soulignons au passage qu’il est indispensable pour des motifs pratiques de pouvoir s’accorder tacitement ou non sur l’option retenue, et qu’agissant ainsi on valide de fait une « non-parité » dont l’un des résultats est de discriminer la gauche de la droite ou bâbord de tribord.

L’intention demeurant d’étudier l’absolu de façon rigoureuse, il n’est pas acceptable d’espérer contourner grâce au vocabulaire ou à quelques accents de rhétorique pure le problème de fond d’avoir à concilier les spécificités d’un « être » indivisible avec la multitude et la diversité des éléments qui forment, du moins en apparence, la matière concrète y compris le vivant.
Par voie de conséquence, si réponse il y a quant à la nécessaire solution de continuité entre les choses, n’en déplaise à Buffon, elle est bien du ressort de notre connaissance. Car à recherche libre, exigence plus grande : on ne déclare aucun périmètre interdit. Et par définition, l’absolu doit inclure l’intelligence aiguë ou l’ignorance crasse que nous avons de lui.
Mais si nous ne pouvons juger que du rapport entre objets et substances et pas de leur essence, c’est que fatalement l’explication est là ! Dans le rapport lui-même. Nulle révélation et rien de stupéfiant en ce bilan d’étape : l’absolu est lisible comme étant l’amalgame de tout le relatif.

  À suivre.  →  Merci de patienter, la suite est en cours d’écriture.
  →   Cliquer ici pour retrouver le premier volet de la série du relatif à l’absolu.
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